19 mai 1953
Mon vieux Jean,
Quelques mots pour répondre à ta lettre reçue ce soir et qui m’a fait tu ne sais combien de bien. Il est minuit passé, mais je ne pouvais me décider à laisser partir la lettre ci-jointe sans ajouter un mot simplement amical. Tu as finalement réussi à obtenir une place comme accompagnateur d’étudiants. Voyages-tu à tes propres frais ?
Si tu savais combien je vous envie de vous retrouver tous à Paris. Je m’y rendrais sur le dos d’un crocodile s’il pouvait m’y emmener. Je ne voudrais pas, Jean, que tu me prennes pour un poète, et me dire que je ne fais que prêcher. Ma lettre ci-jointe obéit à autre chose qu’à un besoin de prêcher. Cousin m’écrit m’annonçant ta venue et prévoyant quelques prise de bec. Je voudrais espérer, Jean, que tu sauras ne pas lui donner satisfaction et transformer les coups de bec gratuits en une discussion positive. Je serais vraiment navré que tu t’y laisses aller.
Tu ne réponds pas à ma lettre, tu ne réponds pas ce que tu as l’intention de faire après ton voyage en Europe. Peut-être n’en sais-tu rien toi-même encore ? Si oui, j’aimerais le savoir moi aussi, que tu me le dises avant ton départ. Faites un bon travail à Paris. Essayez d’arranger les rapports entre Cousin et Mousso. Salue tous les copains de ma part, et, tout en sachant que tu seras grandement occupé, écris-moi quand même un peu pour me tenir au courant des choses et d’autres. Je te demanderai encore une chose : si tu trouves quelque publication récente sérieuse sur l’évolution économique dans le monde, quelques bonnes statistiques, pense à moi, et envoie-les moi si tu peux.
Ici, c’est comme je te l’avais déjà écrit. Cette histoire d’élevage nous y pensons très sérieusement. Clara suit des cours au Ministère de l’Agriculture. Moi je ne peux pas m’y rendre, étant encore au travail, mais je lis des publications sur ce sujet. Clara te donnera un rapport demain sinon je te l’enverrai à Paris. (...) A part çà tout va bien. Je vous embrasse fraternellement pour vous servir de bon voyage.
J’écris à Béa.
Votre Marc.